Le musée des Beaux-arts de Tours et le Louvre s’associent pour organiser une exposition-dossier autour d’une œuvre exceptionnelle de la production tourangelle du début du 16ᵉ siècle : la Vierge à l’Enfant de Michel Colombe, acquise par le Louvre en 2022.
Acquise et restaurée par le Louvre, La Vierge à l’Enfant sera visible à Tours du 16 mai au 3 novembre, à l’occasion d’une exposition-dossier au musée des Beaux-Arts autour de son créateur, le sculpteur tourangeau Michel Colombe (v. 1430-1512).
Le parcours éclaire le caractère unique de cette sculpture en la replaçant dans le contexte des commandes artistiques du financier Jacques de Beaune, grand-argentier d’Anne de Bretagne, aux goûts artistiques novateurs, en la comparant à des statues de Vierge à l’Enfant du Val de Loire, et en retraçant son histoire grâce aux dernières découvertes.
C’est au tout début du XXᵉ siècle au château de La Carte à Ballan-Miré que La Vierge à l’Enfant a été redécouverte. Avant son acquisition aux enchères en 2022 par le musée du Louvre (4,7 M€) et sa restauration, elle n’aura été présentée qu’une seule fois au grand public, lors de l’exposition France 1500 (Paris, Grand-Palais, 2010-2011).
Pour les conservateurs du Louvre, « l’originalité et la vivacité de la représentation, l’intensité de la relation entre la mère et l’Enfant qu’elle allaite, la monumentalité et la dignité de la figure de la Vierge, la qualité des détails en font une œuvre unique et fascinante. »
Considérée comme une œuvre de référence de la première Renaissance, l’État l’avait fait classer au titre des Monuments historiques en 1976 pour éviter son exportation après 2 tentatives infructueuses d’acquisition par le Louvre l’année précédente. Un demi siècle plus tard, la voici enfin exposée au public. Sa venue à Tours, en son foyer originel, constitue un événement exceptionnel.
La Vierge à l’Enfant, réalisée entre 1500 et 1510, a pour commanditaire très averti Jacques de Beaune, trésorier général du royaume et qui fut maire de Tours. « Façonnée en terre cuite, elle est considérée comme la plus ancienne sculpture de grand format dans ce médium exécutée par un artiste français, commente Elsa Gomez, conservatrice du patrimoine au musée des Beaux-Arts de Tours. Plus surprenant encore, les analyses récentes suggèrent qu’elle n’a jamais été peinte, contrairement à la majorité des statues de cette époque produites dans le royaume. Ce choix audacieux met en valeur la qualité exceptionnelle du modelage de Michel Colombe. Artiste assez insaisissable, sa carrière fut d’une longévité exceptionnelle au service des plus grands personnages du royaume ». Peu d’œuvres de lui nous sont parvenues.
Parmi celles-ci : le modèle de la Médaille de Louis XII Paris, Bibliothèque nationale de France), le Tombeau des ducs de Bretagne à Nantes (cathédrale de Nantes) et le Retable de saint Georges et le dragon (Paris, Musée du Louvre). Plusieurs d’entre elles sont réunies à Tours pour la première fois à l’occasion de cette exposition dédiée à la Vierge à l’Enfant, insistant notamment sur la matérialité de l’œuvre. Vous pourrez ainsi découvrir un dispositif tactile autour de la Vierge d’Ivoy-le-Pré, issue des collections du musée des Beaux-Arts, tandis qu’un film pédagogique réalisé avec une artiste de la région (Joëlle Gervais, céramiste à Saint-Georges-sur-Cher) achèvera de vous faire toucher du doigt le génie d’une époque.