La Ville de Tours met en œuvre une politique d’action culturelle riche et diversifiée destinée à accueillir dans ses murs la diversité de ses habitants et des formes d’expression.
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Exposition des oeuvres realisees dans le cadre du dispositif Art en creche dimanche 12 juin 2022 au Musee des Beaux-Arts de Tours.
En 1990, Évelyne Plumecocq intégrait le service éducatif du musée des Beaux-Arts, « il était alors dirigé, se souvient-elle, par une enseignante en détachement et comptait sur des vacataires, dont moi, pour assurer son fonctionnement. Nous étions tous diplômés de l’école des Beaux-Arts de Tours. » Les scolaires étaient les seuls à bénéficier d’explications et d’ateliers adaptés. En 2002, la loi « Musées » rend obligatoire la création d’« un service ayant en charge les actions d’accueil des publics, de diffusion, d’animation et de médiation culturelle, actions assurées par des personnels qualifiés ».
À Tours, les historiens de l’art y remplacent les artistes plasticiens ; Évelyne reste en poste. Dans l’équipe, elle est la référente arts plastiques, chacun ayant sa spécificité, avec pour qualité commune de savoir adapter leur discours au public reçu. Touche-à-tout (couture, sculpture, montage vidéo, etc.), Évelyne fabrique des outils de médiation, des éléments de décor pour « entrer » de façon plus ludique dans les expositions. Son regard plus technique sur les œuvres est apprécié, car « avant qu’on leur apprenne que tel artiste a remporté le Grand Prix de Rome, les visiteurs veulent souvent savoir comment celui-ci s’y est pris pour réaliser son œuvre ».
Regards croisés
La Ville de Tours planche sur une communication centralisée (un site internet est en construction) et veille à ce que d’un lieu à un autre soient déclinées les innovations apportant un vrai plus aux visiteurs. « Celles-ci bénéficient d’une plus grande transversalité avec d’autres services municipaux, confie Marie Arnold, médiatrice référente petite enfance et handicap. Elle-même profite de l’expertise d’Ingrid Jouannet, responsable de l’éveil culturel dans les structures petite enfance de la Ville et bâtit de concert « des visites multisensorielles auxquelles les tout-petits sont très réceptifs ». Responsable du service des publics des musées et du château, Marine Reto apporte une précision significative : « Ce qui compte est d’avoir une offre de visite, mais aussi les services qui les accompagnent. En l’occurrence, des espaces pour changer les enfants, des casques audio pour mieux entendre les visites guidées, des prêts de fauteuils pliants pour visiter à son rythme. »
Viser l’accessibilité universelle
« Chaque exposition temporaire, souligne-t-elle encore, est l’occasion de tester de nouveaux outils et d’intégrer les plus appréciés du public dans les collections permanentes. » La reproduction tactile d’œuvres pour les personnes mal ou non voyantes se développe, les visites en langue des signes aussi, et l’usage de l’application pour smartphone Wivisites se généralise : « Vous scannez un QR code à proximité d’une œuvre qui donne accès aux commentaires d’une œuvre ». Projet en cours : la création d’un journal en gros caractères pour l’exposition temporaire Regardez moi ! Le portrait dans tous ses états cet hiver au musée des Beaux-Arts. L’éventail d’outils existants ou à venir implique le développement de kits de visite en autonomie. Des opérations « hors les murs » font partie des missions de médiation, que ce soit à l’Ehpad Monconseil ou dans les structures petite enfance dans le cadre du dispositif Art en crèche. Le Muséum d’histoire naturelle est concerné, qui intervient l’été à l’accueil de loisirs de la Charpraie.
Savoir être tactile
Le numérique a lui-même fait son entrée au musée du compagnonnage. Myriam Chihab, sa chargée de documentation et du numérique, en est à l’origine : « Je me rappelle avoir apprécié d’utiliser un écran tactile au musée Saint-Raymond à Toulouse, il me proposait de décorer mon propre sarcophage antique virtuel en fonction de mes réponses à un quiz ». Aussitôt, elle imagina sa transposition à Tours pour mettre en lumière des aspects plus vivants et dynamiques du Compagnonnage. En 2022, ce musée s’est équipé d’un écran tactile interactif, inauguré lors de l’exposition La forêt de Notre-Dame ; les visiteurs purent apprécier sous tous les angles la charpente de la cathédrale détruite dans son incendie. Plus récemment, « les visiteurs ont pu explorer en détail des iconographies du 19e siècle mettant en scène la cérémonie du départ d’un compagnon qui quitte une ville pour en rejoindre une autre ».
Depuis trois ans, les musées de Tours expérimentent sans cesse et nous les y encourageons. Le budget réservé aux projets de médiation a été sanctuarisé.
Christophe Dupin, adjoint au Maire délégué à la Culture et aux Droits culturels
Temps fort pour lieux ouverts
Autre point d’attention : l’empreinte carbone des expositions. Avant d’aller chercher un Van Gogh à New York, le musée des Beaux-Arts s’appuie sur son conséquent patrimoine (19 000 oeuvres). Savoir le valoriser et construire une programmation autour de lui est vertueux, tout comme le réemploi de cimaises ou de modules. « La durée plus longue des expositions, souligne Marie Arnold, nous permet aussi d’explorer plus en profondeur les sujets qu’elles abordent et de mettre en place plus d’actions culturelles avec l’ensemble des partenaires », et ils sont nombreux. Avec Le Temps machine et l’Université de Tours, une soirée est dédiée aux étudiants (la « Happy Music Hour »). Le musée des Beaux-Arts ouvre aussi ses portes aux élèves du Conservatoire, aux artistes de la jeune scène locale avec l’association Goat Cheese et aux danseurs. Lors du festival Tours d’Horizons du Centre chorégraphique national de Tours, la Cie La Poétique des signes a participé à des visites flash de l’exposition Le Sceptre et la quenouille. Avec le Centre de formation aux arts de la mode (CFAM), une exposition a présenté les costumes réalisés par leurs élèves et inspirés de ceux vus dans certains tableaux lors des dernières journées européennes du patrimoine. Les jeunes modistes auront beaucoup appris, mais aussi découvert l’instauration de la gratuité dans les musées et châteaux pour les moins de 26 ans comme pour les personnes en situation de handicap.