Musée des Beaux-Arts, Acquisitions : La Tapisserie

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Œuvre présentée au public pour la première fois dans l’exposition Regardez-moi ! Le portrait dans tous ses états.

Au décès du couple Souillet (en 1947 pour Georges, la date de disparition d’Emma est inconnue), ce portrait est transmis à la filleule d’Emma Souillet, Marianne Adam (1904-2004). À sa mort en 2004, sa fille Claudine Dumas (1929-2023) en hérite à son tour. Dans le cadre de la succession de Madame Dumas, décédée en mai 2023, sa fille, Alice Guiochon-Anglaret, souhaite faire don de ce tableau au musée des Beaux-Arts de Tours, compte-tenu des origines tourangelles de l’artiste.

Né à Tours en 1861, Georges Souillet se forme à l’Ecole des Beaux-Arts municipale auprès de Félix Laurent, avant d’intégrer en 1880 l’École des Beaux-Arts de Paris sous la conduite de Cabanel, Maillot et Bonnat. Paysagiste, il s’adonne également au portrait, principalement de ses proches.

Après avoir fait ses débuts au Salon des Artistes français en 1890, Georges Souillet est associé en 1897 à la décoration du grand salon du palais du commerce de Tours, pour lequel il livre douze panneaux dans le goût du XVIIIe siècle, en écho à l’architecture de la pièce. En 1899, il rejoint la Société nationale des beaux-arts, tout en exposant régulièrement au Salon des beaux-arts de la ville de Tours de 1921 à 1939, et à la Société des beaux-arts de Nantes. De 1930 à 1947, l’artiste est chargé par l’Institut de France de l’aménagement du château de Kérazan à Loctudy, dont il fut le premier directeur.

Ses peintures et pastels, de qualité parfois inégale, vont du portrait, aux scènes de genre et paysages parisiens, bretons et italiens. Il travaille également en Afrique du Nord, en Belgique et à Londres, tirant cependant tout au long de sa carrière le sujet de nombreuses compositions de sa Touraine natale.

Sur le plan intime, Georges Souillet épouse le 6 avril 1897 Emma Louise Fouqué, à Paris, alors âgée de 30 ans. Née à Orsay (Seine et Oise) le 28 juin 1867, Emma est la fille de Ferdinand Fouqué, membre de l’Institut et professeur au collège de France, officier de la Légion d’Honneur, et de Marie Camille Le Cœur, sans profession. Ce portrait, seul connu de son épouse à notre connaissance, la représente âgée d’une soixantaine d’années, au regard de sa chevelure grisonnante, suggérant une datation de l’œuvre à la fin des années 1930-début des années 1940. Dans un cadrage resserré, l’artiste la représente avec un regard tendre, concentrée sur un ouvrage de broderie. Une étiquette manuscrite collée sur le châssis précise en effet : « la tapisserie Emma Souillet Fouqué ». L’alliance portée par Emma, attire le regard, semblant souligner les liens du mariage résistant au passage du temps. La date de son décès n’est pas connue, contrairement à celle de son mari qui disparaît en 1947, à l’âge de 86 ans.