Quand le tableau dit plus qu’il n’y paraît
On ne plaisante pas avec les déesses
Ce tableau évoque un mythe tiré des Métamorphoses d’Ovide (1er siècle ap. J.-C.). Le chasseur Actéon, ayant surpris la déesse de la chasse nue dans son bain, est transformé en cerf par Diane et finit dévoré par ses propres chiens. Au centre, accompagnée de ses suivantes, Diane se rafraîchit dans un mince ruisseau sous le regard goguenard de deux satyres aux pattes de bouc. Au fond à gauche, l’indiscret Actéon entre en scène, tandis qu’à droite le cerf-Actéon mis à mort par les chiens illustre l’épilogue de l’histoire. Ce tableau est une copie avec variantes d’un original de François Clouet, conservé au musée des Beaux-arts de Rouen.
Un double sens caché
Derrière le récit mythique se cachent de véritables portraits allégoriques, caractéristiques du goût de l’époque. La composition originale de Clouet comporte une dimension de satire politique. Diane et Actéon pourraient y représenter Henri II et sa maîtresse Diane de Poitiers, ou l’éphémère couple royal François II et Marie Stuart. Dans la version de Tours, Diane apparaît sous les traits de Gabrielle d’Estrées tandis qu’on peut voir en Actéon Henri IV, son royal amant. Les satyres moqueurs, dont la présence auprès de Diane est incongrue, tiennent des instruments de musique qui évoquent la fécondité de façon paillarde. Ils nous éclairent sur le sens du tableau : une critique du roi ou une mise en garde contre ses amours illégitimes, le menaçant de finir comme le cerf-Actéon…