Un portraitiste de renom…
S’il a aussi réalisé des œuvres religieuses, Giovanni Battista Moroni est surtout l’un des plus célèbres portraitistes d’Italie du Nord au 16e siècle. Titien lui-même n’hésite pas à le recommander à ses propres clients. Il est actif à Brescia, Trente, Bergame et Albino, sa ville natale, où il travaille pour l’aristocratie et la bourgeoisie locales. Son art « naturel », d’une apparente simplicité, s’inscrit dans le nouveau langage pictural de la Contre-Réforme catholique, théorisé au cours du concile de Trente (1545-1563).
…au service de la psychologie de ses modèles
Moroni a peint de nombreux portraits de notables italiens de province. Il y témoigne d’un profond intérêt pour la réalité quotidienne de la société qu’il côtoie. Ces portraits résultent de l’approfondissement des recherches de l’artiste pour saisir au mieux la personnalité de ses modèles, qu’il poursuit durant toute sa carrière. Les personnages sont décrits de manière naturaliste et documentaire, pour se concentrer sur la transcription de leurs qualités morales et de leur psychologie. Ici, les dimensions réduites du buste et le ton sombre du vêtement mettent en avant le visage, sur lequel se concentre l’éclairage. La palette réduite et le fond neutre, la touche supplémentaire de lumière apportée par la blancheur du col, guident l’œil vers le regard interrogateur teinté d’ironie du modèle, qui entre en dialogue avec le spectateur. Toute l’exécution est mise au service de l’analyse de la personnalité intime, avec une grande modernité.