L'art est le propre de l'humanité : Musée des Beaux-Arts

Riche de son passé historique, architectural et de son exceptionnelle collection, le Musée des Beaux-Arts de Tours compte parmi les plus importants de France. La principale mission de l’équipe du musée est aujourd’hui de faire découvrir et aimer ce patrimoine à toutes les générations.

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Un musée témoin de son époque

Conserver des milliers d’objets et d’œuvres d’art n’a de sens que si on les partage. Les publics sont donc au cœur de la mission du musée du 21e siècle. Les œuvres et objets conservés par le musée sont des témoins d’une histoire européenne et française qui s’est inscrite depuis des siècles dans un univers mondialisé, fait de rencontres, d’influences, d’échanges et de conflits. Les collections parlent d’un passé qui vit encore et dont nous sommes les héritiers. Notre mission, en tant que professionnels de la culture et du patrimoine, est de donner des clefs pour connaitre et comprendre ce passé afin de mieux appréhender les enjeux de la société du présent.

Historique du Musée

Le Palais des archevêques, un bâtiment exceptionnel

Installés au plus près de la Cathédrale depuis le 4e siècle de notre ère, les archevêques de Tours ont progressivement agrandi et reconstruit le palais pour en faire un magnifique lieu de villégiature.

Plus qu’un musée, un palais

Le musée des Beaux-arts de Tours est installé dans un palais d’exception, dont l’histoire remonte à l’Antiquité. Implanté sur l’ancien amphithéâtre de Caesarodunum, le palais des archevêques s’est établi dès le 4ᵉ siècle en intégrant une tour d’angle des remparts. Au fil du Moyen Âge, il s’enrichit d’une chapelle romane (aujourd’hui disparue) et de la salle des États.

Au 17ᵉ siècle, l’évêque Bertrand d’Eschaux (1617-1641) fait construire une aile en pierre de tuffeau, remarquable exemple de l’architecture classique française, par laquelle le public accède aujourd’hui au musée.

Les archevêques constructeurs du 18e siècle

Au 18ᵉ siècle, sous l’impulsion de Monseigneur Rosset de Fleury (1753-1774), une seconde aile se dresse face à un jardin à la française, tandis que Monseigneur de Conzié (1775-1795) ajoute un imposant portail, une cour d’honneur en hémicycle ornée d’une frise de flots et une promenade le long des anciens remparts menant à un théâtre de verdure.

1789-1911, le destin bouleversé du palais

Après 1789, le palais, nationalisé, sert de théâtre, d’École Centrale, de bibliothèque puis de dépôt des œuvres saisies à la Révolution. Le musée est officiellement créé en 1801. Mais dès 1802, après la signature du Concordat par Napoléon Ier et durant tout le 19e siècle, les bâtiments sont à nouveau affectés à l’archevêché. Ce n’est qu’en 1910, après la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905, que le palais redevient propriété de l’Etat qui l’offre pour un franc symbolique à la Ville de Tours à condition que cette dernière y installe son musée des Beaux-arts. En 1910, les collections réintègrent l’ancien palais archiépiscopal et le musée rouvre ses portes.

Le Cèdre du Liban, un magnifique objet de collection !

Avec ses 31_m de haut et ses 33_m d’envergure, le cèdre du Liban qui accueille les visiteurs du jardin des Beaux-arts est assurément la plus majestueuse des merveilles du musée.

Planté en 1804, en souvenir de la présence napoléonienne au Proche-Orient, ce cèdre du Liban, aujourd’hui bicentenaire, a atteint des dimensions exceptionnelles qui en font un des plus grands d’Europe : 31 m de haut, 33 m d’envergure et une circonférence du tronc de 7,5 m à 1 m du sol.

Labellisé en 2001 « arbre remarquable » par l’association A.R.B.R.E.S (Arbres Remarquables, Bilan, Recherches, Études et Sauvegarde), il fait l’objet de soins constants de la part du service « biodiversité et patrimoine vert » de la Ville de Tours.

Il prospère jour après jour en puisant suffisamment d’eau du ruisseau souterrain de l’archevêché. Il peut ainsi traverser les périodes de sécheresse de plus en plus manifestes durant l’été en France, en raison du réchauffement climatique de la planète. Jusqu’à ce jour, il n’a subi aucun traitement chimique contre les insectes ou les mauvaises herbes.

L’Éléphant Fritz, un pensionnaire incongru dans la cour d’honneur du musée.

Ancienne attraction du cirque Barnum & Bailey venu d’Amérique pour une tournée européenne, cet éléphant fut abattu sur les pavés de la ville le 12 juin 1902 après avoir suscité une grande peur aux Tourangeaux. Le périple de sa dépouille s’est alors poursuivi pour aboutir, aujourd’hui, à l’ombre du grand cèdre.

Depuis sa présentation dans la cour du musée, cet « Éléphant Fritz » plus que centenaire, est le prétexte de nombreuses promenades pour des générations de Tourangeaux comme pour les visiteurs de passage.

Remarquablement naturalisé en 1902, cet éléphant d’Asie était auparavant la fierté du cirque Barnum & Bailey. Mais l’infortuné pachyderme connaît une fin tragique le 12 juin 1902, après la dernière représentation tourangelle du cirque. Le départ étant prévu en train, les animaux se dirigent en cortège vers la gare, encadrés et enchaînés par leurs dresseurs. Fritz, agité depuis le début du parcours, est entouré par d’autres éléphants mais il s’énerve brutalement. La foule de curieux venus en nombre sur le chemin est alors prise de panique et l’ordre d’abattre l’animal est donné : il sera étranglé…

La presse locale et nationale s’empare immédiatement de l’incident, en présentant Fritz comme une victime au caractère « amical, paisible et sensible ». Très vite, sa popularité s’installe et, le 4 mai 1903, après sa naturalisation à Nantes par M. Sautot, taxidermiste de réputation nationale, c’est toute la ville de Tours qui accueille avec enthousiasme le retour de « l’ami Fritz ».

Le musée de peinture d’alors, situé dans le bâtiment faisant le pendant à la mairie en façade de Loire, avait ouvert un cabinet d’histoire naturelle en 1853. Le squelette de Fritz y trouve donc logiquement sa place pendant que sa reconstitution naturalisée trône dans le hall d’entrée avec les statues antiques !

Après 1910, Fritz est transféré avec les œuvres d’art dans l’ancien palais des archevêques, actuel musée des Beaux-arts, tandis que son squelette reste à sa place initiale, alors entièrement dévolue aux sciences naturelles. Il y fut détruit dans le gigantesque incendie qui ravagea Tours suite aux bombardements du 18 juin 1940. Mais sa peau sauvegardée, qui connaissait toujours le même succès, subit aussi les outrages du temps. Elle était attaquée par des insectes et menaçait de se désagréger. Les nombreuses plaintes du public poussent la mairie à procéder à une restauration en 1976. Depuis, la transmission générationnelle se perpétue, faisant de Fritz un élément incontournable de l’identité culturelle tourangelle.

Une salle historique aujourd’hui dédiée au chantier des collections

La Salle des États a accueilli des moments importants de l’histoire de France aux 15e et 16e siècles.

Aujourd’hui, fermée à la visite, elle reste un lieu essentiel pour la gestion des collections par les équipes du musée.

Un lieu chargé d’histoire

Derrière une porte au 1er étage du musée se cache une vaste salle aujourd’hui fermée au public, mais qui a une importance toute particulière dans l’histoire de la ville. La salle du Synode aussi appelée « salle des États », est construite aux 12e et 13e siècles. C’est dans cette immense salle que se rassemblent à trois reprises (1468, 1484 et 1506), les États Généraux du royaume de France. Sous l’Ancien Régime, pour rendre des décisions difficiles, le roi réunissait une assemblée politique composées des membres des trois ordres (noblesse, clergé, tiers état).

Ainsi, en 1506, à la demande de Louis XII, toutes les clauses du traité de Blois qui concernent le mariage projeté de sa fille Claude de France avec Charles de Luxembourg, le futur Charles Quint sont annulées, changeant le cours de l’histoire de France.

À partir de 1775, Monseigneur de Conzié, le dernier archevêque avant la Révolution, veut transformer la salle en chapelle archiépiscopale comme en témoigne la colonnade à l’antique. Mais les bouleversements politiques de la Révolution la laissèrent inachevée. À partir de la Révolution et jusqu’au retour des archevêques dans leurs murs en 1802, cette chapelle connut diverses autres affectations, dont celle de salle de théâtre.

Un lieu dédié au chantier des collections

À la réinstallation du musée en 1910 dans les murs du palais archiépiscopal, la Salle des États accueillit les grands formats religieux du musée, ainsi qu’un ensemble de plâtres issus des fonds des sculpteurs François Sicard, Marcel Gaumont et Jo Davidson.

En raison d’une évolution des réglementations en matière d’établissement recevant du public, la salle doit fermer à la visite.

Elle ne reste pas longtemps vide. En effet, la construction de nouvelles réserves externalisées pour les musées de Tours entraine la mise en place d’un gigantesque chantier des collections pour analyser, nettoyer et conditionner les quelque 18.000 objets conservés au musée avant leur déplacement dans leur nouveau lieu de stockage.

Maintenant que les réserves sont opérationnelles, la Salle des États reste un lieu de travail pour les équipes du musée qui y accueillent restaurateurs du patrimoine et chercheurs qui travaillent sur les collection…en attendant les travaux qui permettront sa réouverture au public.

Aux origines de l’histoire tourangelle

L’ancien palais des archevêques où s’est installé le Musée des Beaux-Arts de Tours est d’une importance capitale pour l’histoire antique de la ville. Il est, en effet, construit sur le premier rempart gallo-romain et abrite, dans son sous-sol, les vestiges archéologiques de la première ville connue sous le nom latin de Cæsarodunum ou « petite colline de César ».

Les dessous du musée, anciennes caves des archevêques, furent vraisemblablement creusés par les chanoines de la cathédrale pour récupérer des matériaux de construction, mais surtout pour stocker de la nourriture. On y pénètre, aujourd’hui, par un couloir descendant jusqu’aux fondations du rempart antique où on peut encore y observer les morceaux de colonnes, entablements et fragments sculptés, matériaux de remploi provenant des édifices publics et des temples qui ornaient la première ville antique, juste avant sa christianisation au 4ème siècle.

C’est sur deux de ces blocs millénaires que sont conservées deux des plus anciennes inscriptions latines remontant aux origines de l’histoire tourangelle : CIVITAS TURONOR(um) LIB(era), la cité libre des Turons !

Sous l’Empire romain, une civitas (cité) est un ensemble territorial constitué d’une ville chef-lieu, de son territoire et ses habitants en un tout indissociable. Celle des Turons, du nom de ce peuple gaulois local mais romanisé après la Conquête de Jules César, avait alors le statut de « cité libre » ! Elle était donc dispensée, en principe, de payer le lourd tribut à l’Empire romain… Une deuxième inscription reprend les mêmes termes et peut témoigner de la fierté des Turons envers ce statut honorifique, inscrit en toutes lettres sur les monuments antiques de leur ville.

Le musée, conservant ses chefs-d’œuvre et reposant sur ces pierres vénérables, est ainsi le gardien d’une longue généalogie de témoignages de l’histoire de Tours, des origines à nos jours.

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